Après avoir goûté de nombreux vins de 2008, je commence à me faire une opinion du millésime par région et par vigneron.
Plusieurs tendances se profilent déjà :
La première, c'est que les Rhône sud ont terriblement souffert d'un champignon qui pour eux est quasi inconnu: le Mildiou. Le grenache est très fragile et de nombreux vignerons se sont faits surprendre. D'autres, plus rodés, ont réussi mais sont bien peu nombreux. Pour ceux-là le cru semble une réussite.
La deuxième tendance, c'est que dans de nombreuses régions 2007 a laissé des traces et que les bons vignerons en ont tiré une belle expérience. Ils n'ont pas attendu le beau temps, ils ont fait sans, et cela a bien souvent payé.
Si les vignes étaient encore saines fin août , le mois de septembre allait balayer tous les désespoirs de ce millésime archi-trempé.
Là encore, trois tendances se sont dégagées:
_Ceux dont les raisins étaient à l'agonie et qui,pour sauver la récolte, ont vendangé sans se préoccuper de la maturité.
_Ceux dont les raisins étaient encore sains ont pu attendre une maturité optimale.
_Ceux qui ont récolté à surmaturité car la mode est passée par là.
Seule la tendance du milieu m'intéresse ici, et là encore deux voies se distinguent (en simplifiant).
Certains ne croient pas au terroir dans ces millésimes d'eau et ils cherchent à: soit sur-extraire (par des brutalités atmosphériques ou thermiques) soit à rester en surface, c'est à dire: ne capter que le fruit du cépage.
D'autres heureusement, emplis de foi vont en douceur descendre au coeur de la matière pour y libérer la véritable essence; j'en ai déjà goûté cette année.
Les premiers feront des vins épais grossiers mais puissants, pouvant concourrir dans les dégustations en rafales; les deuxièmes seront typés par le seul goût de cépage avec une buvabilité sympathique mais sans lendemain. Les troisièmes seront des vins d'émotions qui demanderont écoute, et disponibilité au goûteur s'il veut recevoir la lumière d'une belle rencontre entre l'homme, la terre et le millésime.
Heureusement, ce classement est trop catégorique pour représenter la réalité, mais permet, je pense, de mieux comprendre les types de vin du millésime 2008 que nous allons boire dans les années qui viennent.
Ce court bilan n'est propre qu'aux vins rouges. Celui des blancs suivra.
A la vôtre
Bruno