Le lancement de la campagne primeurs à Bordeaux est toujours un évènement que peu de professionnels du vin zappent.
2008 aura été un début de renversement : le moins que l'on puisse dire, il n'y avait pas foule sur les route de Bordeaux en cette période si cruciale.
Mais comme d'habitude, la volonté de faire un millésime plus destiné à la critique qu'aux consommateurs a oeuvré. 2008 aurait dû être un millésime, comme le sont en général les années pluvieuses, élégant, plein de finesse et de légèreté avec des finales plus minérales que tanniques.
Cela est le cas pour un petit nombre de crus classés qui préfèrent encore le consommateur à une nouvelle idée du Bordeaux (née dans les années 90). Pour les autres, c'est une fois de plus l'escalade à la puissance, aux tannins, aux couleurs surnoircies...et aux finales chargées.
Ils ont oublié que leur messie n'avait plus d'influence que sur les acheteurs de vins pour spéculation et que le consommateur adore les vins qui vibrent de toute leur vivacité et de leur fruité si naturel.
La mode de la lourdeur, de la puissance ressemble à celle des gros 4x4 au salon de l'auto cette année. Comme des dinosaures, ils étaient au fond des stands.
Décidement, il faut boire le calice jusqu'à la lie. Certains n'ont pas encore compris que le client a quitté crus bodybuildés, pourtant si élégants quand terroir et millésime sont respectés.
Heureusement, des crus comme La Tour Martillac, Smith haut Lafite, Chasse Spleen, Grand Puy Lacoste, Figeac, Gombode Guillot à Pomerol, Chateau Fonroque à St Emillion croient en cette vivacité qu'apporte une année comme 2008. Et ça faisait du bien de goûter ces vins pleins de fruit et élégants au milieu de cette artillerie fatiguante.
Quand au prix, un cruel dilemne se fait sentir. Les spéculateurs étant plus préoccupés par la revente de leurs stocks en déperdition de valeur que par l'achat du 2008, seuls les professionnels spécialisés dans la revente aux vrais consommateurs peuvent acheter. Mais celui qui boit la bouteille, ne la revent pas donc ne peut l'acheter au prix des banquiers du vin. Alors que faire de tous ces 2003, 2004, 2005, 2006, 2007 qui sortent des coffres forts et qui ont été vendus à prix d'or. Cette fillière du vin à fait croire au mirage, mais la chute risque d'être brutale.
La grande distribution qui a mal vécu ses dernières foires au vins, se prépare à une braderie jamais vue. Mais tous ces vins vinifiés pour plaire à une critique en mal de goût spectaculaire, vont-ils plaire au consommateur.
Dommage que l'on colle l'étiquette si forte des Grands Cru Classés sur l'ensemble de la région qui rassemble des milliers de producteurs. Certains se battent pour produire des vins de terroir, sans artifice. Ils ne sont pas pour la plupart noté par le grand Bob Parker mais sont d'un rapport qualité prix imbattable. Fouillez chez vos cavistes, entre 6 et 20 €, il y a des merveilles.
"L'eau est le rafraichissant du corps, le vin, celui de l'âme!"
Bruno Quenioux
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